A cette occasion, le groupe de la Banque mondiale a organisé, toujours hier, en son siège à Gombe, un cadre de communication entre les professionnels de médias de quelques pays africains et les quelques cadres de la BM, à travers des vidéos conférences.

Il a été prouvé que dans cette partie du continent, la croissance reste fragile et un peu décevante.

Pour la quatrième année consécutive, l’économie progresse moins vite que l’accroissement démographique et, malgré des prévisions régionales plus favorables pour 2019, qui tablent sur un rebond à 2,8%, la croissance ne parvient pas à franchir la barre des 3% depuis 2015.

Parmi les mesures palliatives, cependant, la Banque mondiale suggère la mise sur pied de la révolution numérique qui est l’une des clés d’une croissance inclusive et de la création d’emplois en Afrique.

Le rapport Africa’s Pulse note, par ailleurs, que la fragilité d’un petit nombre de pays prive l’ensemble de l’Afrique subsaharienne de plus d’un demi-point de pourcentage de croissance par an, l’équivalent de 2,6 points de pourcentage en cinq ans.

Plusieurs facteurs externes et internes ont concouru à cette stagnation notamment, la recrudescence des tensions commerciales entre la Chine et les USA, principaux piliers de l’économie en Afrique subsaharienne.

Mais, aussi les prix des matières premières qui demeurent volatiles, ce qui affecte les projections de croissance ; l’instabilité macroéconomique ; l’inflation supérieure à deux chiffres ; le déficit budgétaire ; l’incertitude des cadres réglementaires et surtout, la fragilité.

Selon la Banque mondiale, plus de la moitié des pays fragiles au monde sont en Afrique et cela lui coûte énormément.

Cependant, la dernière édition du rapport Africa’s Pulse revoit à la baisse la croissance des pays d’Afrique subsaharienne à 2,3% en 2018, contre 2,5% en 2017. Et pour atteindre les projections souhaitées, il faudra travailler doublement.

S’en est suivie une série de questions-réponses, avec le concours de MM. Jean Mabi Mulumba et Moise Tshimenga Tshibangu, spécialistes économistes pays.

La révolution numérique, clé de la croissance

Le rapport semestriel de la Banque mondiale consacré à la conjecture économique africaine se penche en outre sur l’incidence de la fragilité sur la croissance en Afrique subsaharienne et sur le rôle que l’économie numérique pourrait jouer pour redynamiser le continent.

Et pour cela, » La transformation numérique peut apporter à l’Afrique subsaharienne une hausse annuelle de la croissance de pratiquement deux points de pourcentage et permettre un recul de la pauvreté de quasiment un point de pourcentage par an », indique Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. C’est une révolution qui changera véritablement la donne en Afrique, avance-t-il.

Le Rwanda et l’Ethiopie font partie des pays qui se comportent le mieux en Afrique, du point de vue économique. Selon la Banque mondiale, l’amélioration de leur politique économique, du cadre réglementaire, le renforcement des institutions et celui de la capacité des Etats à servir les populations sont à la base de cette performance. Mais surtout, la digitalisation de l’économie. Une approche qui fera augmenter la croissance de près de 2% par an et réduire la pauvreté d’1% par an.

S’il reflète l’incertitude de la conjoncture internationale, ce fléchissement plus marqué que prévu s’explique aussi, et de plus en plus, par les incertitudes politiques et réglementaires et par la fragilité.

Il reflète aussi l’instabilité macroéconomique liée, entre autres, à une mauvaise gestion de la dette, à l’inflation et aux déficits. Autant de facteurs qui défavorisent clairement certains pays. Il contredit également les bonnes performances de plusieurs économies de plus petite taille, en progression constante.

Quatre piliers interviennent à l’aboutissement de cette réforme. Il s’agit de la construction des infrastructures digitales, l’investissement dans les compétences digitales, mettre en place les plateformes digitales ainsi que le cadre de réglementation en insistant sur la compétition.

Coopération globale

Au Nigéria, la croissance est ressortie à 1,9% en 2018, en hausse par rapport à 2017 (0,8%), à la faveur d’une légère reprise du secteur non pétrolier. L’Afrique du Sud est sortie de la récession au troisième trimestre 2018, mais la croissance est restée atone, à 0,8%, tout au long de l’année, les incertitudes politiques découragent les investissements.

L’Angola, troisième économie de la région, est demeuré en récession, l’activité étant plombée par la faiblesse persistante de la production pétrolière.

Dans certains pays riches en ressources, comme la République démocratique du Congo et le Niger, la croissance est repartie à la hausse, soutenue par le redressement de la production minière et du prix des matières premières, ainsi que par le rebond de la production agricole et des investissements publics d’infrastructure.

Ailleurs, comme au Libéria et en Zambie, la croissance est restée modérée, les investisseurs restant méfiants face au niveau soutenu de l’inflation et de l’endettement.

Dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, le redressement se poursuit, mais demeure fragile, les réformes destinées à réduire les déséquilibres budgétaires et extérieurs ayant marqué le pas dans certains pays.

Enfin, les économies moins tributaires des ressources naturelles, comme le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda ainsi que plusieurs pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, dont le Bénin et la Côté d’Ivoire, ont affiché de solides performances en 2018.

« Les facteurs de fragilité ayant évolué dans le temps, les solutions pour y remédier doivent s’adapter », souligne Cesar Calderon, économiste principal à la Banque mondiale et auteur principal du rapport.

« Les pays ont plus que jamais la possibilité de tourner la page de la fragilité en coopérant entre eux pour lutter contre l’instabilité, les violences et le changement climatique ».