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David Stern, l’âme de la NBA

1er février 1984 – 1er février 2014 – Voilà le temps qu’a passé un homme engagé à faire briller le basketball américain sur la planète. Lui du haut de son 1,75m et surtout, pas joueur professionnel de carrière. La passion de ce sport, l’envie de la partager, l’envie de mettre son savoir faire et sa vision au service de ce sport, et voilà la NBA, aujourd’hui un label. Après trente ans de règne absolu, David Stern, 72 ans, le grand patron de la NBA laisse en héritage une multinationale prospère, considérée comme un modèle de développement pour l’ensemble des sports professionnels. Dans l’imaginaire collectif, il restera aussi ce petit homme d’1m75 qui, chaque année, pendant 30 ans, a côtoyé des géants, serré des mains lors des remises de trophée ou de la draft, prêtant le flanc aux rires moqueurs.

Mais sous cet air bonhomme s’agite un visionnaire pragmatique, négociateur intraitable, bâtisseur autoritaire, voire autocrate, qui a rendu au basket sa fierté dans un pays où baseball et football américain sont rois. Lorsque ce fils d’épicier, né à New York, diplômé en droit à l’université de Colombia, prend définitivement les rênes de la NBA, le 1er février 1984, après en avoir été l’un des conseils juridique dès 1966, la Ligue est moribonde. A la fin des années 70 et début des années 80, la NBA est boudée par le public, en proie à des scandales liés à la drogue – c’est l’époque de la « Cocaine Era », de nombreux joueurs sont pris le nez dans le sac – en manque d’identité et de notoriété, et certains matchs des finales sont diffusées en différé.

UN NOUVEAU SHERIF DANS LA VILLE

Il y a désormais un nouveau shérif dans la ville. David Stern instaure d’abord un système de sanction pour rendre la NBA exemplaire. En 1986, il suspend à vie l’un des meilleurs joueurs de la Ligue, Michael Ray Richardson, pour un troisième contrôle positif à la cocaïne. « Je me suis assis à côté de lui et je lui ai dit qu’il m’avait sauvé la vie. C’est le gars qui a mis fin à ma carrière mais je ne lui en veux pas », confessera Michael Ray Richardson des années après. Mais la principale réussite de Stern est de saisir que l’avenir de la NBA passe par la télévision et la conquête de l’étranger.

>> La NBA sous David Stern, par Sports Illustrated

Il renégocie les droits TV avec les trois principaux networks américains, mais a surtout l’ingénieuse idée d’investir les réseaux câblés, une première pour une ligue sportive professionnelle. La NBA atteint tous les foyers. Il décide aussi d’augmenter le nombre de franchises pour conquérir de nouveaux marchés. Au total, sept nouveaux clubs verront le jour sous l’impulsion du Commissionnaire (les Raptors, le Heat, le Magic, les Wolves, les Hornets/Pelicans, les Grizzlies et enfin les Bobcats) . Au jeu des franchises vagabondes, il se montre aussi sans pitié. La ville de Seattle, privée de ses Sonics, rebaptisés Thunder et désormais installés à Oklahoma, en est un des symbole. Il n’a pas inventé le système, mais en a joué à plein.

Michael Jordan et David Stern

L’histoire se construit aussi sur des destins qui se croisent, puis se lient. Quelques mois après l’intronisation de David Stern, un certain Michael Jordan fait ses premiers pas en NBA. Magic Johnson, Larry Bird, Isaiah Thomas ou Hakeem Olajuwon, pour ne citer que les plus grands, éclaboussent de leur génie cette époque bénie. « Lucky Dave ». David Stern ne pouvait rêver meilleurs ambassadeurs. Eux dans la lumière des parquets, lui dans la pénombre des coulisses, vont populariser la NBA aux quatre coins de la planète.

David Stern promeut ses superstars et encourage l’envoi de joueurs professionnels aux JO de Barcelone en 1992. La Dream Team est née. Les matchs de cette équipe, qui rassemble les plus grands joueurs de l’époque, Sa Majesté Jordan en tête, se transforment en tournée triomphale. Le monde entier se délecte du spectacle offert par ces extra-terrestres. David Stern surfe sur cette vague et multiplie les tournées d’équipes NBA hors du continent américain. Europe, Chine, Inde, Amérique du Sud, la NBA s’exporte partout.

LA NBA PESE AUJOURD’HUI 4,5 MILLIARDS DE DOLLARS

En 1995, la Ligue connaît aussi sa première expansion à l’étranger, en l’occurrence au Canada, avec la création des Raptors de Toronto et des Grizzlies de Vancouver (désormais localisés… à Memphis. Il faut suivre). Cerise sur l’internationalisation, la ville de Londres accueille désormais chaque année un match de saison régulière de NBA. Si il restera, pour lui, « ce goût inachevé » de ne pas avoir créé de franchises en Europe, il aura du moins posé les premiers jalons d’une NBA transcontinentale. L’avenir dira si c’était une chimère. Pour l’heure, 92 joueurs étrangers évoluent désormais en NBA, dont 10 frenchies. Ils n’étaient que 21 en 1992.

David Stern négocie aussi à merveille l’avènement des réseaux sociaux et fait de la NBA la ligue professionnelle américaine la plus suivie sur Facebook (près de 20 millions de pouces) et Twitter (9,2 millions de suiveurs). Alors que le chiffre d’affaires de la NBA était de 118 millions de dollars en 1983, il est aujourd’hui de 4,6 milliards. La valeur totale des 30 clubs atteint près de 20 milliards, contre 400 millions en 1984. Quand le taux de remplissage des salles était de 58 % en 1981, il tutoie désormais les 90 %. La NBA est diffusée dans 215 pays et dans plus de 40 langues différentes, emploie 1 100 personnes dans 15 bureaux répartis dans une douzaine de pays. La Ligue touche 930 millions de dollars par an de la part des grands networks américains qui se partagent la diffusion des matchs.

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