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Médicaments de la rue, Médicaments illicites à quand la fin?

25% du poids de la maladie mondiale sont observés en Afrique. Ce qui veut dire que ¼ des malades dans le monde se trouvent en Afrique. L’on sait aussi que l’Afrique est affichée comme le continent le plus pauvre, malgré toutes ses ressources naturelles abondantes.

 

Et si l’Afrique se prenait en charge?

Les causes d’un tel constat se situeraient à plusieurs niveaux. Dans les couloirs du sommet de Génève en Suisse, tous sont unanimes que l’Afrique devraient amorcés son développement industriel pharmaceutique au plus vite. Mais officiellement, difficile de pointer du doigt les politiques des grands groupes internationaux dominant le marché en Afrique.

Les gouvernements ont initié des politiques pour inciter des structures locales, et des entrepreneurs à investir dans le secteur pharmaceutique local. Mais l’appel semble encore faiblement entendu. A peine 3% des médicaments consommés sur le continent sont produits par des entreprises locales. 97% des médicaments sur le marché proviennent de fabriques étrangères au continent. Les pays d’Asie, du Moyen Orient et d’Europe en sont les principaux pourvoyeurs.

 

Le coût des médicaments un frein à la santé?

Ces médicaments exportés reviennent bien souvent à des coûts élevés pour le pouvoir d’achat de la majorité. Et pour s’offrir des médicaments à la hauteur de leur poche, des africains sont beaucoup plus enclins à s’orienter vers des « marchés noirs » du médicament. Du coup l’on observe une forte montée du trafic de médicaments, ou encore les médicaments de la rue.

Ces médicaments qui loin de soigner, sont la cause de nouvelles maladies chez le patient. Et faute de diagnostic conséquent, les Etats africains perdent des cerveaux et des bras valides. L’auto-médicamentation faisant son petit chemin sur le continent.

Une enquête réalisée décrit, les caractéristiques sociodémographiques des consommateurs de médicaments de la rue, le type de médicaments achetés dans la rue, et identifie les facteurs influençant l’achat de ces médicaments. Portée sur 300 personnes, l’enquête révèle que 72 % de la population soumise à l’enquête consomme des médicaments de la rue. Majoritairement des jeunes hommes (32 %), exerçant pour la majorité dans le secteur informel. Plus de la moitié des consommateurs (58 %) avaient un revenu mensuel de moins de 50 000 FCFA, et n’avaient pas d’assurance maladie. La principale raison évoquée par les utilisateurs était le faible coût de ces produits (69 %). Les médicaments achetés dans la rue étaient d’une grande variété avec une prédominance d’antalgiques (75 %), d’antipaludiques (72 %) et d’antibiotiques (48 %). Pourtant ceux qui vendent ces produits (jeunes femmes majoritairement)  n’ont aucune connaissance médicale et pharmaceutique. Elles exposent donc les consommateurs à de graves risques sanitaires.

 

L’Action des Etats?

En Côte d’Ivoire par exemple, le trafic de médicaments illicites fait perdre environ 40 à 50 milliards de francs cfa par an, à l’Etat ivoirien. Une grosse perte que les autorités veulent endiguer au plus vite. Au Bénin des dispositions judiciaires et politiques mises en application semblent porter des fruits. Mais il semble difficile pour un pays d’agir seul en la matière. C’est pourquoi des experts demandent avec ardeur la mise en place de politiques d’harmonisations sous régionale, à l’instar d’une agence africaine du médicament. Cette agence serait dotée de pouvoir d’inspection et de quarantaine.

 

Quels systèmes de santé pour y répondre?

Un autre constat, qui semble inquiéter les acteurs du système de santé, c’est la faiblesse des systèmes de santé et de couverture médicale des africains. Les assurances et couvertures médicales obligent les abonnés à se procurer les médicaments dans des établissements certifiés, et à moindre coût. Il faut donc penser à sensibiliser les populations à ce système de couverture. En Côte d’Ivoire, la phase expérimentale de la Couverture Maladie Universelle a été lancée par le premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le 25 avril 2017. La loi créant cette couverture maladie a été votée en mars 2014, et plus de 4 ans après elle n’est pas encore dans sa phase active.

Une autre donnée essentielle, mettre les infrastructures et personnels de santé à proximité des populations. Une mission à laquelle le gouvernement ivoirien veut s’engager. La ministre de la santé de Côte d’Ivoire Raymonde Goudou a affirmé lors du sommet de Génève que la politique du gouvernement prévoit un centre de santé dans chaque rayon de 5 kilomètres, sur le territoire ivoirien.

 

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